Dieu n’est ni tout-puissant, ni porteur d’un dessein – fût-il intelligent – parce qu’il n’est pas un être au sens d’un être particulier – fût-il supérieur à tout ce que nous connaissons : Dieu désigne ce qui permet d’être, d’exister, en l’occurrence ce qui nous permet d’être humains – libres, solidaires, créatifs… Et ne comptez pas sur moi pour m’excuser d’avoir une théologie libérale, c’est-à-dire de repérer que la liberté est un centre de gravité de la foi chrétienne nourrie de l’expérience des rédacteurs bibliques. Je ne m’excuserai pas de faire de la théologie en toute liberté, c’est-à-dire en mettant en œuvre le doute scientifique, en comparant les textes bibliques à d’autres textes religieux, en utilisant les données archéologiques, en intégrant les travaux des sciences humaines. Pourquoi trahir l’héritage biblique qui est riche de ces dialogues exigeants avec les cultures environnantes, riche de cette pluralité d’observations en tension les unes avec les autres ? Parce que des superstitieux disent que je ne suis pas croyant et certainement pas chrétien ? Être fidèle au Dieu de Jésus-Christ, c’est engager un face-à-face sans concession avec Dieu, et certainement pas se soumettre à la volonté de pouvoir de ceux qui souhaitent s’ériger en directeurs de conscience. Si la philosophie française jongle avec les concepts, la philosophie américaine s’enracine dans le quotidien, dans le vécu. C’est à partir de l’expérience du quotidien que des philosophes tirent une sagesse qu’ils font partager à leur lecteur au moyen de récits, de descriptions, plutôt que d’analyses abstraites. Alors faisons comme eux.